
La manière dont les abeilles interagissent entre elles à quelque chose de fascinant et d’inexpliqué quand on les observe à l’œil nu : quand on les regarde, on constate qu’elles ont leurs propres codes, leur propre manière de fonctionner. Et pour cause, leur mode de communication est un langage qui a même un nom dédié : la danse des abeilles !
Que communiquent les butineuses ?
La communication principale concerne les lieux où il y a de la nourriture, mais également les emplacements avec de l’eau ou de la résine pour renforcer la ruche. Chaque ruche fourmillant de petites abeilles avec des rôles bien précis, chacune évolue en fonction des autres et doit communiquer des renseignements bien précis pour la vie en communauté.
La recruteuse -qui trouve une source de nectar- informe donc les ouvrières de :
- La distance
- L’orientation / direction
- La quantité
- L’origine florale
Son objectif est ainsi de faire venir les autres butineuses pour qu’elles se rendent sur place, d’où son appellation « recruteuse« .
La quantité joue un rôle car les ouvrières n’indiquent pas d’endroit si le butin n’est pas abondant. En plus de la quantité de nectar, la concentration en sucre est également jaugée avant de donner l’alerte.

La communication chez les abeilles via leurs sens
Contrairement à l’homme qui s’exprime par la parole et la gestuelle, le moyen de communiquer des abeilles est plus complet en termes de sollicitation des sens.
Les ouvrières interprètent ainsi les sons, mais également des repères visuels, les mouvements dans l’espace, les vibrations et les odeurs pour former leur langage. Les informations tactiles sont transmises via les antennes, avec des signes olfactifs ou chimiques en complément.
La ruche étant un espace clos et obscure, les autres abeilles ne voient pas la danse de leurs congénères, mais la perçoive avec leurs antennes et leur odorat. De même, l’origine florale est donnée par la régurgitation de l’abeille à son arrivée, ce qui attire les autres butineuses.
Pour faciliter la découverte du lieu floral, l’abeille en question (appelée aussi pourvoyeuse) disperse également l’odeur des fleurs sur le trajet et au-dessus de la source alimentaire comme repère additionnel.

L’origine de la danse des abeilles : la découverte
La dénomination de danse des abeilles évoque les mouvements qu’effectue l’abeille pour donner une information à la colonie.
Cette danse a été découverte dans les années 40 par Karl Von Fricht, un savant autrichien. Il fit ainsi l’expérience suivante : il disposa une coupe d’eau sucrée près d’une abeille en la marquant de peinture sur le thorax. De retour à la ruche, il remarque des gesticulations de la butineuse suivi d’un départ des autres abeilles.
« L’ouvrière de retour à la ruche se mit à danser en rond, entourée d’abeilles qui témoignèrent d’une grande excitation, ce qui provoqua leur envol vers la coupelle pleine. »
Karl Von Fricht, savant autrichien
La danse des abeilles : les mouvements des butineuses
Les mouvements sont différents en fonction de la distance du lieu de butinage. Pour un butin proche (moins de 25m), l’éclaireuse effectue une danse en cercle autour d’un rayon, dans un sens puis dans l’autre. Entre 25m et 100m, la danse en huit (ou en faucille intervient). Pour les distances de plus de 100m, la danse frétillante s’applique : le mouvement reprend celui d’un huit, en marquant la ligne rectiligne du milieu.


L’indication de la direction
La direction est donnée en fonction du soleil en donnant un angle modélisé par la ligne rectiligne du milieu. L’indication est très précise, avec une marge d’erreur de 3° seulement ! La subtilité réside dans le fait que la danse s’effectuant de manière verticale et non horizontale, les ouvrières transposent la danse sur une surface plane à la sortie de la ruche, ce qui nécessite un calcul.
Le saviez-vous ?
Le soleil est une véritable boussole pour les abeilles qui intègrent même ses mouvements au cours de la journée pour trouver l’endroit indiqué par une butineuse. Si une source de nourriture est trouvée la veille, le rucher peut la retrouver le lendemain grâce au calcul de la course du soleil.
En plus du sens de l’orientation, l’abeille a aussi le sens du temps ! Pour s’orienter, l’avette a seulement besoin d’apercevoir un bout de ciel bleu : la lumière du ciel étant polarisée, ça aide l’informatrice à se repérer sans sortir de la ruche.
La distance marquée par le rythme

Plus la distance est grande, plus le rythme de la danse diminue : c’est donc le nombre de tours qu’effectue l’abeille, mais aussi le nombre de balancements de son abdomen, ou encore le bourdonnement qui déterminent la distance qui sépare la ruche de la nourriture.
Leur propension à s’adapter à la météo est également extraordinaire : si le temps est venteux et que les ouvrières doivent voler à contre vent, l’abeille va indiquer une distance plus longue que par temps calme.
De même, si elles doivent s’élever (flanc d’une montagne par exemple) ou survoler un obstacle, le rythme ralentira pour désigner une plus grande distance, et inversement pour une pente.
Plus que la distance, c’est donc l’énergie dépensée ou le temps de vol qui est important dans l’information délivrée !
Toutes les danses des abeilles
Si on parle souvent de la danse des abeilles pour trouver de la nourriture, ce moyen de communication est utilisé à d‘autres fins :
- la danse de l’essaim sert part exemple à trouver à un abri à une colonie,
- la danse bourdonnante sert à rallier des abeilles à l’essaim,
- la danse tremblante est réalisée quand un événement négatif se passe pour une abeille (sans que cela impacte réellement le comportement des autres individus du rucher).