
L’utilisation du venin d’abeille dans le traitement des maladies est un sujet qui fait débat, tant par ses bienfaits supposés, que les dangers potentiels ou encore les méthodes de récolte du venin d’abeille. Voici une grille de lecture pour comprendre pourquoi l’apiculture est une discipline thérapeutique controversée !
Qu’est-ce que l’apipuncture ?
L’apipuncture est une thérapie d’acupunture à base de piqûres d’abeille. Les aiguilles sont remplacées par des abeilles vivantes placées sur la peau à l’aide d’une pince pour piquer et inoculer son venin, soit sur la zone douloureuse, soit sur des points d’acupuncture.
Le nombre de piqûres par séance varie fortement d’une personne à une autre, et diffère également en fonction de la pathologie.
Il est souvent compris entre une et plusieurs dizaines, ce qui est douloureux pour le patient.
Cette technique fait partie de l’apithérapie, au même titre que l’utilisation d’autres produits apicoles :
- Propolis
- Miel
- Gelée royale
- Etc.
Ce qui rend le venin différent, c’est qu’il est composé d’eau, un peptide, la mélittine.

Cette dernière compose 50% du venin séché et possède des propriétés anti-inflamatoires quand elle est libérée dans le corps, grâce à la production de cortisol.
L’apipuncture pour la SEP et SLA
La thérapie par les piqûres d’abeille est plutôt connue pour soigner des maladies neuro-dégénératives comme la SEP (Sclérose En Plaques) ou la SLA (Sclérose Latérale Amyotrophique, plus connue sous le nom de maladie de Charcot).
Comment ça marche dans la théorie ? L’objectif est de stimuler le réseau nerveux secondaire avec l’apipuncture. Les muscles réagiraient à la suite de stimulations répétées. Des études scientifiques commencent petit à petit à voir le jour pour corroborer cette hypothèse.

Pour ces maladies, on parle plus d’une stabilisation, voire d’une amélioration, que d’une guérison. Cette thérapie apporterait toutefois un soulagement pour les patients, augmenterait leur espérance de vie et leur permettrait de retrouver certains gestes du quotidien (donc une certaine autonomie).
D’autres maladies réagiraient positivement au venin d’abeille, comme la maladie de Parkinson, le VIH avec la destruction des virions, ou encore le traitement allergique de l’asthme.
Un manque de recherche scientifique sur cette méthode thérapeutique
Il est difficile d’être affirmatif concernant l’apipuncture, car le travail scientifique n’est que très partiel en la matière.
L’apipuncture s’apparente plutôt à la médecine traditionnelle. Le venin d’abeille était d’ailleurs utilisé depuis l’Antiquité pour traiter certaines douleurs ou pathologies comme les rhumatismes.
Les première études datent de la fin du XIXè siècle avec les travaux de Philip Terc, un médecin Tchèque, puis de Charles Mraz au XXè siècle aux Etat-Unis.
Les Etats-Unis pratiquent d’ailleurs l’apipuncture auprès de 40 000 patients par an.

Est-ce que l’apipuncture est dangereux ?
Bien sûr, le venin est à utiliser avec précaution, car ce n’est pas un produit anodin à inoculer. Mal utilisé ou en mauvaise quantité, ce produit apicole peut provoquer un choc anaphylactique. Un test allergique est systématiquement réalisé en amont pour vérifier la sensibilité du malade à ce produit.
« Toute substance est à la fois poison et médicament ; tout dépend de la dose administrée »
Paracelse, médecin et alchimiste suisse du 16e siècle
Au niveau des effets secondaires, on recenserait par exemple l’apparition d’œdèmes, de problème rénaux ou cardiaques, ou encore d’infection du point d’injection dans les jours qui suivent les piqûres. L’apipuncture est donc déconseillée aux personnes qui ont tendance à avoir ces soucis de santé.

Où se pratique cette discipline ?
En France, faute de recherches et de preuves médicales, l’apipuncture ne se pratique pas par les médecins, mais plutôt par des praticiens non agréés par l’Ordre des Médecins.
En revanche, certains pays étrangers pratiquent cette discipline. En Europe, l’Allemagne, la Belgique ou encore l’Autriche utilisent cette thérapie. Sur d’autres continents, le Japon, la Chine ou encore les Etats-Unis emploient également l’apipuncture pour soigner.
Les conséquences de cette apithérapie pour les abeilles
La méthode traditionelle
Comme évoqué précédemment, la récolte du venin se fait traditionnellement par la piqûre d’une abeille vivante sur la peau.
Toutefois, cette méthode fait débat, ses détracteurs arguant de la cruauté exercée sur ces hyménoptères.
En effet, vous n’êtes pas sans savoir que l’abeille meurt après avoir piqué un humain, car son dard reste planté dans notre peau et lui arrache l’abdomen.
Notre peau est en effet très épaisse pour cet insecte, plus que les animaux qui eux ne provoquent pas la mort de la butineuse.
Une question éthique se pose donc, et peut générer de la culpabilité !

La production d’apitoxine par électrocution
Certains apiculteurs utilisent en alternative un système de grille électrifiée pour récupérer le venin, sans que l’abeille se départisse de son dard. Le choc électrique provoque un réflexe de piqûre chez la « mouche à miel », qui pique donc à travers une membrane fine en caoutchouc.
Le venin est versé dans un collecteur et est récupéré une fois séché pour en faire de la poudre. Toutefois, même si sur le papier ça semble idéal ou du moins plus souhaitable, cette technique n’est pas exempt d’inconvénients…
Tout d’abord, c’est une méthode assez barbare puisqu’on électrifie les abeilles à travers leurs pattes pour qu’elles déversent leur venin. Ensuite, presque un tiers de la colonie reste accroché sur la plaque. L’odeur du venin excite les abeilles qui deviennent très agressives et attaquent les alentours, mourant ainsi pour certaines.

Il faut prendre en compte qu’une abeille sans venin est plus vulnérable après cette opération puisqu’elle ne pourra plus se défendre : il y a donc de fortes chances qu’elle décède dans les jours suivants. Les avettes étant déroutées suite à l’opération, on estime que le stress provoqué s’estompe au mieux au bout d’une semaine.
Ces micro-grilles ne permettent enfin pas de récupérer toutes les propriétés du venin d’abeille, notamment les huiles essentielles importantes sur le plan thérapeutique.
Cette méthode d’ampoules à venin n’est donc pas sans conséquence, et les pertes sont probablement plus élevées que les 20 ou 30 abeilles utilisées pour une séance d’apipuncture. Il faut s’interroger si le désagrément n’est pas plus élevé dans ce cas-ci, que dans le cas du prélèvement de quelques dizaines d’individus sur plusieurs milliers que composent une ruche.
Par ailleurs, les apiculteurs choisissent généralement des abeilles en fin de vie (les gardiennes) pour réaliser les piqûres – sachant qu’une abeille vit environ 40 jours, et que 1500 et 1800 abeilles meurent de manière naturelle dans le rucher.
Le reportage sur les abeilles guérisseuses
Voici un reportage de moins de 3 minutes de France 3 avec des témoignages de patients ayant pratiqué l’apipuncture :
Que penser de cette pratique
Même s’il s’agit d’une pratique ancestrale, l’apipuncture demeure à son balbutiement, notamment en raison du manque d’intérêt scientifique qu’elle suscite et de lacunes dans la connaissance globale.
On constate aujourd’hui un certain manque de recul sur cette pratique, qui offrirait de beaux espoirs pour le traitement de certaines pathologies, même si son application ne se solderait pas par une guérison du patient.
Enfin, au niveau de la méthode de collecte du venin, comme on l’a vu, aucun système n’est parfait. Les thérapeutes se sentent souvent responsables d’un devoir d’éducation des patients aux conséquences et à ce que représente l’apicuncture, afin qu’elle ne soit pas banalisée. Ces derniers sont souvent très reconnaissants et respectueux des abeilles pour le don qu’elles leur font.
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